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Blanche-Vierge

4 novembre 2008

Blanche-Vierge

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                                                      Bordel de c*i*s*e pourquoi ça s'osbstine à me mettre les images en gris ?

Il était une fois, par un jour d'hiver, une reine qui finissait son verre de vodka-red bull tout en tricotant une écharpe pour l'enfant qu'elle attendait, auprès d'une fenêtre en bois d'ébène. Dehors, il neigeait. La reine ouvrit la fenêtre pour regarder danser les flocons et, manque de pot, elle se piqua avec son aiguille. Quelques gouttes de sang tombèrent dans la neige vierge.
C'était si joli ce rouge vermillon sur le blanc pur que la reine dit :
« Je voudrais un enfant qui ait la peau blanche comme la neige vierge, les lèvres et les joues rouges comme le sang, et les cheveux noirs comme l'ébène de la fenêtre.


Quelques mois après, elle mit au monde une petite fille qui avait la peau blanche comme la neige, les lèvres et les joues rouges comme le sang et les cheveux noirs comme l'ébène. Elle pesait aussi très exactement 3 kilos 110 grammes et mesurait 51 centimètres, mais comme ça n'avait rien de poétique, on l'appela simplement Blanche-Vierge.
La reine en était très fière, et elle l'adorait. Malheureusement, elle tomba malade et mourut peu de temps après (l'histoire ne précise pas la cause du décès, mais les historiens pensent qu'il s'agissait probablement de coliques aggravées).
Le roi se remaria avec une femme très belle mais très orgueilleuse. Elle possédait un miroir magique et chaque matin, elle s'y regardait et demandait :
« Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? »
Et le miroir répondait :
« Ô reine, tu es la plus belle en ce royaume. »
                                 

Blanche_Neige_2

Mais Blanche-Vierge, en grandissant, devenait de plus en plus jolie. Un jour, le miroir répondit avec un brin d'angoisse :
« Ô reine, tu es très belle, mais Blanche-Vierge est la plus belle en ce royaume. »
En entendant ces mots, la reine devint pâle de rage et de jalousie, chose que son médeçin lui avait fortement déconseillé car elle était cardiaque et son cholestérol était plutôt mauvais. Elle se mit à haïr Blanche-Vierge, et bientôt, elle ne put supporter de la voir. Alors, elle appela un de ses serviteurs (un pauvre type qui n'avait rien demandé à personne) et lui dit :
« Conduis cette petite pouffiasse au plus profond de la forêt et bute-la. Je ne veux plus la voir. Pour preuve de sa mort, rapporte-moi son cœur. »
Le serviteur obéit et il emmena Blanche-Vierge au plus profond de la forêt, prétextant une visite à une quelconque Mère-Grand un peu souffrante (là Blanche-Vierge tilta un peu, se disant qu'elle avait déjà lu ça quelque part et qu'elle était censée recevoir un panier avec une bouteille de Despe et des galettes, mais en enfant bien élevée elle ferma sa gueule). Mais quand il tira son couteau de chasse, l'homme sentit son cœur se serrer à la pensée de trucider cette gamine innocente. Remontant en selle, il lui jeta:
«La harpie qui te tient lieu de belle-mère m'a ordonné de te tuer. Je ne le ferai pas, mais tu dois partir te cacher au fin fond de ces bois et ne jamais revenir. »
Et il transperça d'une flèche une petite biche et prit son cœur pour le rapporter à la reine.
Blanche-Vierge resta seule dans la fôret. Elle se mit à marcher, à marcher. Autour d'elle, il y avait toutes sortes de bêtes sauvages dont elle se foutait éperdument parce que tout de même, elle n'était plus une gosse qu'on emmène au zoo. Elle arriva enfin à une petite maison où il n'y avait personne. Elle avait la dalle, elle se sentait crevée, alors elle entra dans la maison pour se reposer.
À l'intérieur, tout était à peu près propre et plus ou moins bien rangé (si on omettait les petites culottes et les soutifs qui séchaient sur une corde, et les sept verres à alcool posés dans l'évier. Sur la table, il y avait sept assiettes, avec sept couverts, sept verres remplis de bière et sept pains. Comme elle avait très faim, elle mangea un petit bout de chaque pain et comme elle avait très soif, elle but une gorgée de bière dans chaque verre. Pas un seul instant elle ne songea à finir une assiette et boire un verre entier, puis à les remplir à nouveau pour faire comme si de rien n'était. En même temps, on ne peut pas demander aux princesses d'être à la fois belles et intelligentes. Et comme Blanche-Vierge était très très belle... Bref. Le long du mur étaient alignés sept lits qui n'avaient pas été refaits. Elle les essaya l'un après l'autre: ils étaient peu confortables. Finalement elle se coucha sur l'un d'eux et s'endormit instantanément. Quelques minutes plus tard arrivèrent les maîtresses de la maison. C'étaient sept petites goudous qui travaillaient dans une usine de sex-toys dans la montagne.

De son côté, la reine croyait que Blanche-Vierge était morte et que désormais personne ne la surpassait en beauté. Elle alla se regarder dans le miroir et dit :
« Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? »
Et le miroir répondit ;
« Ô reine, tu es très belle, mais, derrière les sept collines, dans le bois auprès des lesbiennes, Blanche-Vierge est mille fois plus belle que toi. »

Blanche_Neige_4

Elles allumèrent leurs sept lampes et virent que tout n'était pas comme elles l'avaient laissé.
La première dit:
« Qui est venu poser son cul sur ma chaise bordel ?! »
La deuxième:
« Qui a bouffé dans mon assiette ?? »
La troisième:
« Qui a rogné mon pain ? »
La quatrième:
« Qui a utilisé ma cuillère ?! C'était dégueu ! »
La cinquième:
« Et ma fourchette ?!! »
La sixième:
« Et mon couteau ? »
Et la septième:
« Cherchez plus les meufs ! J'ai trouvé l'intrus, elle pionce dans mon plumard... »
Et les six autres lesbow accoururent.
« Woah elle est bonne !! » auraient entendu les animaux des trois kilomètres alentours s'ils avaient pu comprendre le langage humain et, à plus forte raison, les termes quelque peu familiers employés par les Sept Gouines.
D'un commun accord, elle laissèrent dormir Blanche-Vierge, et la goudou qui n'avait pas de lit squatta celui d'un de ses potes, en feignant un profond ennui (en vérité elle en profita bien, mais comme c'est ni poétique, ni politiquement correct, on garde généralement cette information secrète).
Au matin, lorsqu'elle s'éveilla, Blanche-Vierge eut d'abord très peur en voyant les Sept Gouines qui la mataient sans vergogne. Mais elles surent la mettre à l'aise en lui proposant un petit déjeuner fitness et la princesse finit par leur raconter ce qui lui était arrivé. Alors les goudous lui dirent:
« Si ça te dit, tu peux rester avec nous. Comme on bosse toute la journée, qu'on cuisine comme des pieds et qu'on est pas encore à l'époque des livreurs de pizza, tu feras la cuisine et le ménage. Et en échange tu seras logée et nourrie, tu ne manqueras de rien. Sérieux c'est une bonne affaire, dans le futur des jobs comme ça, ça existera pas. Ou alors tu devras en plus te coltiner trois mioches morveux et braillards. Mais avec nous, aucun risque de voir des gamins ! »

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Convaincue par la justesse du raisonnement et n'ayant de toute façon nulle part ailleurs où aller, Blanche-Vierge accepta. Elle s'installa donc avec elles et s'occupa de la maisonnette. Le matin, les lesbow partaient travailler dans leur usine de sex-toys et laissaient la princesse seule. Comme ce n'était pas à la vieille goudou qu'on apprenait à faire des vacheries, elles lui conseillèrent de se méfier:
« La reine saura bientôt que tu es ici. Surtout ne laisse entrer personne ! »

Blanche_Neige_3

La reine fut bouleversée car elle savait que le miroir ne mentait jamais. C'était donc le serviteur qui l'avait trompée ! Elle le ferait pendre, ce trou-de-balle ! Rongée de jalousie, elle chercha un moyen pour se débarrasser définitivement de Blanche-Vierge, ignorant que quelques siècles après elle serait inventé le flingue qui lui aurait bien rendu service et aurait mis un terme à cette histoire. Elle se retira dans sa chambre secrète et se servit dans sa culture de canabis. Elle se roula un pilon empoisonné. C'était un joli petit joint qui sentait bon le shit mais il suffisait d'en fumer une taffe pour mourir. Puis la reine se maquilla et se déguisa en dealeuse. Elle parcourut les sept collines et arriva à la maison des goudous où elle frappa à la porte. Blanche-Vierge lança:
« Ouais tire la bob... euh... une seconde ! »
Elle se pencha à la fenêtre et dit à la vieille femme qui attendait devant la porte, l'air interdit.
«J'me suis gourée de réplique. Donc euh... ah oui: Je ne peux laisser entrer personne, les Sept Gouines me l'ont interdit.
- Tant pis, dit la vieille femme, j'irai vendre mon shit ailleurs, mais tu es si mignonne, laisse-moi t'offrir un pet.
- Non, non, dit Blanche-Vierge, je ne dois rien accepter.
- Petite sotte, s'écria la vieille, de quoi as-tu peur ? Tu crains qu'il ne soit empoisonné ? Regarde, je le fume en première (la vieille, pas conne, avait avalé un antidote avant de venir). »

La méchante reine sortit ses allumettes, en gratta une, alluma le joint, le fuma quelques instants puis le tendit à Blanche-Vierge. La pauvre andouille avait très envie de fumer et, voyant que la vieille le faisait, elle ne résista plus. Elle tendit la main, prit le joint et aspira une bouffée. Elle tomba aussitôt sur le sol, morte. La reine la regarda avec une joie méchante et ricana :
« Cette fois, les goudous ne pourront pas te sauver ! »

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Elle se dépêcha de rentrer chez elle pour demander au miroir :
« Miroir, miroir magique, qui est la plus belle ? »
Le miroir péta un câble:
« Ô, reine, oui t'es la plus belle puisque t'as trucidé l'autre abrutie de princesse. Oui tu es belle, tu es très belle, ça te va comme ça ?! Nul ne surpasse ta beauté en ce royaume, et le jour où quelqu'un osera le faire, j'te préviendrai et tu iras lui niquer la gueule. Maintenant tu fous la paix avec cette question à deux balles !»
Et la Reine accepta la remontrance de son précieux miroir car son cœur jaloux était enfin apaisé.

Quand les Sept Gouines rentrèrent chez eux, elles trouvèrent Blanche-Vierge par terre, inanimée. Vite, elles la soulevèrent du sol, desserrèrent son corsage, lui lavèrent le visage avec de l'eau, lui firent respirer du vin, tentèrent le bouche-à-bouche et le massage cardiaque (découvrant par la même occasion qu'il peut être extrêmement plaisant de faire la secouriste). Mais rien n'y fit: la pauvre petite était bien morte. Elles fondirent en larmes, noyèrent leur chagrin dans l'alcool la nuit durant et, au petit matin, se préparèrent à l'enterrer. Mais le visage de Blanche-Vierge était beau comme celui d'un être vivant et ses joues restaient rouges. Alors elles se dirent :
“Ce n'est pas possible de la mettre dans la terre froide et noire !”
Elles fabriquèrent un cercueil de verre qui permettrait de la voir par transparence, la placèrent à l'intérieur et écrivirent dessus en lettres couleur de l'arc-en-ciel << Princesse Blanche-Vierge >>. Elles portèrent le cercueil en haut de la montagne et chaque jour l'une d'elles monta la garde près de lui, nettoyant les excréments d'oiseaux et lavant les traces de pluie qui le ternissaient.

Blanche-Vierge resta longtemps dans son cercueil de verre, toujours aussi jolie. Avec sa peau blanche comme la neige, ses joues rouges comme le sang et ses cheveux noirs comme l'ébène, elle semblait dormir. Un jour, la princesse du Troisième Royaume qui était en voyage s'arrêta chez les goudous pour y passer la nuit.
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Elle vit le cercueil, Blanche-Vierge et les mots en lettres couleur d'arc-en-ciel et dit aux nains :
“Cette meuf est trop belle... Je veux l'avoir toujours près de moi. Dites-moi ce que vous voulez en échange de ce cercueil.
“Même si vous nous présentiez Shane, nous ne voudrions pas nous en séparer, répondirent-elles avec ferveur.
- Alors donnez-le moi pour rien, je vous en prie," dit la princesse.
Les goudous comprirent que cette tête de mûle ne lâcherait pas l'affaire, et pour éviter les emmerdes que ne manquerait pas de leur apporter un affront à une quelconque princesse, elles acceptèrent de lui donner le cercueil à la condition qu'elle en prenne grand soin. Les serviteurs de la princesse le chargèrent sur leurs épaules et l'emportèrent à travers la forêt.

Lorsqu'un peu plus tard dans la journée, la petite troupe fit une halte, la princesse ne put résister à l'envie d'ouvrir le cercueil et, mue par elle ne savait quelle force, elle déposa sur les lèvres de la morte un baiser furtif.
A sa grande surprise, Blanche-Vierge ouvrit les yeux, très en colère:
“Bordel tu m'a pris pour la Belle au Bois Dormant ou quoi ?!
- Eh mais qu'est-ce que j'y peux moi, si t'as fumé un vieux pilon pourri au lieu de bouffer une pomme empoisonnée comme tout le monde ! J'étais supposée faire quoi hein ? Faire sortir la fumée du cigare de ta gorge ?? Parce que si c'est ça que tu veux, on peut encore s'arranger !”
Et elle sortit un couteau pour le montrer à Blanche-Vierge qui se recroquevilla.
“Non ça ira merci. Tu as raison, j'aurais du demander à la vieille si elle avait des pommes. En plus le dentiste m'a toujours dit qu'il fallait manger des pommes...
- N'en parlons plus. Ecoute, pour l'instant je t'emmène au château de mon darron. Je comptais foutre ton cercueil dans une salle spéciale, mais vu que finalement t'es vivante... Tu veux bien m'épouser ?”
Blanche-Vierge accepta avec joie.

La Princesse du Troisième Royaume invita tous les gens qu'elle connaissait de près ou de loin au mariage, et cela incluait la méchante Reine qui n'en crut pas ses yeux. Elle se maquilla, enfila la robe qui la boudinait le moins (entre temps elle avait pris un peu de poids), ressortit son miroir et lui demanda timidement:
“Miroir, mon beau miroir, dis-moi, suis-je toujours la plus belle en ce royaume ?
- En ce royaume, oui tu es la plus belle, grognasse ! Sinon je te l'aurais dit. Mais...
- Mais ?
- Mais au palais du Troisième Royaume où se prépare un mariage, la jeune fiancée et mille fois plus belle que toi.”
En entendant ces mots, la reine poussa un cri si perçant que le miroir éclata en morceaux, brisé net. La rage de la reine était si grande que ce qui devait arriver arriva: Elle eut un accident cardio-vasculaire et, le roi se gardant bien de venir lui porter secours, elle mourut.

Blanche-Vierge épousa donc la Princesse du Troisième Royaume (elles eurent Sept demoiselles d'honneur -devinez qui-, mais aucun enfant, heureusement pour elles). Au cours de leur règne, elles légalisèrent de nombreuses choses, comme l'adoption homoparentale.

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Moins d'un an après la mort de sa belle-mère, Blanche-Vierge et son épouse furent conviées au remariage de son père qui était tombé sous le charme du Roi du Troisième Royaume (les deux hommes s'étaient rencontrés au mariage de leurs filles).

Quelques siècles plus, les hommes de foi et les historiens horrifiés de ce qu'ils appelèrent “ces amoures contre-nature” rayèrent les deux royaumes de l'histoire et, par la même occasion, de la mémoire collective et proclamèrent l'hétérosexualité comme norme normale normative à laquelle il était essentiel de se tenir sous peine de périr dans les flammes de l'enfer (et juste avant ça, les flammes du bûcher).
Mais ils ignoraient que, au fin fond d'une forêt, dans une petite maisonette, vivaient et survivaient Sept Gouines qui se chargèrent de relater par écrit la véritable histoire de Blanche-Vierge. Et cette histoire, là voici.

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